Sans Héritage : 10 Louise (French Edition) by Lorraine ROUNTREE

Sans Héritage : 10 Louise (French Edition) by Lorraine ROUNTREE

Auteur:Lorraine ROUNTREE [ROUNTREE, Lorraine]
La langue: fra
Format: epub
Éditeur: UNKNOWN
Publié: 2020-08-29T22:00:00+00:00


6 Marianne

- Par ici monsieur Moine.

Un courant d’air dérangea les papiers disposés sur la table du salon. Mademoiselle Joris se précipita pour fermer les portes-fenêtres qui donnaient sur le jardin. Le grand cèdre faisait beaucoup d’ombre et chatouillait le toit de ses longues branches. Aucun jardinier ne voulait élaguer l’arbre dont Andrée – quand elle habitait encore la maison - disait fièrement qu’il avait été planté en même temps que celui du Thabor. Deux frères en somme. « Un tout petit frère alors » répliquait Marianne qui ne voyait rien de commun entre le géant du jardin public et l’arbre qui assombrissait son salon. Si elles avaient vu les géants d’Amérique ! Lucien ne comprenait toujours pas pourquoi les chênes, les érables, les ormes, les pins étaient là-bas deux fois plus grands qu’en France. Était-ce une question de climat, d’espace vital, de composition du sol ? Les terres d’Amérique plus vastes, moins peuplées depuis moins longtemps, étaient la patrie des grands arbres. Ils avaient pu s’y épanouir librement sans cantonnier pour les ratiboiser, sans promoteur pour les abattre, sans voisins pour se plaindre de leur ombre ou de leurs feuilles en automne.

Mademoiselle Joris ramassa les papiers tombés à terre et les remit dans le bon ordre sur la table.

- Eh bien ! Vous avez du travail devant vous monsieur Moine.

Elle portait des lunettes, petites, rondes, cerclées d’or qui auraient vieilli n’importe quelle autre femme mais pas mademoiselle Joris qui était sans âge. On pouvait lui donner 10 ans de moins ou 10 de plus et s’étonner tout autant, dans des sens inversés, quand on apprenait son âge véritable. Elle avait 38 ans.

- C’est vrai que les chiffres quand on les manie régulièrement ne vous cachent plus grand-chose, dit-elle d’un ton pincé et satisfait. Ils sont même têtus.

Elle utilisait les mêmes expressions, avait les mêmes idées que lui sur les chiffres. Il n’y avait en effet que ceux qui ne les maniaient jamais qui imaginaient qu’on pouvait leur faire dire ce qu’on voulait. Eh bien non ! Dans le commerce, les chiffres offraient toujours la même vérité, quel que soit le sens dans lequel on les prenait. Une activité était à l’équilibre, en profit ou en perte. Quand les affaires étaient molles, Éric avait parfois mis en doute les résultats de Lucien. Il l’avait renvoyé faire des acrobaties dans les comptes. Recalculer ci, ne pas compter ça, étaler, triturer…Mais à moins de procéder à des falsifications - que ni Éric, ni Lucien n’avaient envisagées une seule seconde - les résultats étaient toujours les mêmes.

- Vous tenez toujours les comptes du Foyer ?

- Des deux monsieur Moine ! Et tout le reste en plus. Madame Martin est partie vous savez. Et je peux vous dire que les filles sont souvent plus têtues que les chiffres.

Elle redressa encore un peu plus son petit corps déjà parfaitement droit. Il était sûr qu’elle portait une gaine, peut-être même un corset, même si elle était menue comme une brindille. Rien ne bougeait dans son corps, ni ses seins, ni ses hanches.



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